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Alternance ou démocratie, dans quel sens doit-on lutter ?

Alternance ou démocratie, dans quel sens doit-on lutter ?

Pour le simple fait qu'il y existerait plusieurs partis politiques, même quand ceux-ci ne sont que des coquilles vides, une catégorie de gabonais prétend que le Gabon est un pays démocratique. Pourtant, on ne peut parler d'un pays démocratique quand celui-ci ne repose pas sur les principes d’une citoyenneté souveraine, d'une prise de décision transparente et d'un gouvernement tenu de rendre des comptes. C'est seulement lorsque ces principes sont appliqués, qu'ils deviennent globalement la voie du développement de la démocratie dans un pays. C'est quoi donc la démocratie dont on parle dans chaque discours ?

Démocratie vient du grec "demos", qui signifie "le peuple", et de "kratos", qui signifie "le pouvoir". Aussi on définit souvent la démocratie comme étant "le pouvoir du peuple" ; en d’autres termes, il s’agit d’un système d’élaboration de règles institué par le peuple qui doit obéir aux règles qu'il a lui-même défini. La démocratie quoi qu'on dise, reste le seul système viable qui garanti le respect de la souveraineté du peuple qui décide des choix à opérer pour lui et son pays. Elle est sous-tendue par deux principes fondamentaux :

  • Le principe de l’autonomie individuelle : Nul ne doit être soumis à des règles imposées par d’autres ;
  • Le principe de l’égalité : chacun doit avoir le même pouvoir de peser sur les décisions qui touchent les membres de la société.

Tout système qui ne repose sur ces deux principes fondamentaux ne peut se prévaloir d'être démocratique, même avec un parti politique par famille et de nombreuses associations. Le Gabon compte malheureusement parmi les systèmes qui violent ces deux principes, parce que le pouvoir y est détenu par une personne assistée d'une classe sociale qui prend les décisions pour le reste de la population. Une oligarchie ploutocratique et dictatoriale où le pouvoir est entre les mains d’un petit groupe de privilégiés qui se distinguent des autres par leur richesse, leur filiation et la force militaire. Le contrôle du gouvernement est exercé par le plus riche qui en est le chef. Ce système instauré depuis 1967 et que les gabonais avaient tenté de modifier en 1990 est appelé pompeusement démocratie, alors qu'il ne respectent ni l’autonomie individuelle ni l’égalité.

Pourtant l'alinéa 7 de l'article 2 de la Constitution dispose que le principe de la République Gabonaise est : "Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple". Aussi, l'article 3 précise que "La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce directement, par le référendum ou par l'élection, selon les principes de la démocratie pluraliste, et indirectement par les institutions constitutionnelles".

De même, l'article 5 dispose que : "La République gabonaise est organisée selon les principes de la souveraineté nationale, de la séparation des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaire et celui de l’Etat de droit."
A la lecture, ces dispositions constitutionnelles renvoient aux principes de la démocratie libérale ou représentative, dans laquelle les citoyens élisent des représentants qui vont élaborer des lois et des politiques et désigner les responsables gouvernementaux. Théoriquement, la démocratie représentative prévoit l’élection libre et démocratique des dirigeants, à la majorité des votes des personnes représentées. Elle fait référence à une société et un mode de gouvernance plus juste pour la plupart des citoyens et la plus égalitaire, permettant à la majorité des citoyens d'y jouer un rôle actif en faisant valoir leur souveraineté, soumettant l'état à un impératif moral qui est celui de protéger et de promouvoir les droits de l’homme de chaque individu, de chaque groupe et de chaque communauté de la société. Et, parce qu’une société démocratique tente en permanence de résoudre les problèmes sociaux dans l’intérêt du plus grand nombre, les décisions prises sont les plus susceptibles d’être respectées par les individus.

Or, le système antidémocratique gabonais a réussi à entretenir un semblant de démocratie, par la fraude, la corruption, les menaces, les intimidations et la violence, créant ainsi, une minorité active qui a fini par s'imposer à une majorité de citoyens passifs, transformés en simples individus comme les appelle une grande dame, Me Paulette Oyane Ondo. Dans un tel contexte, est-il raisonnable pour l'opposition, de parler d'élection présidentielle en 2016 ou de candidature unique, quand on est conscient de vivre une parodie de démocratie qui n'est en fait qu'une oligarchie ploutocratique dictatoriale ?

Si les gabonais peuvent être fiers de l'opposition des années 80 à 90 grâce à laquelle le retour au multipartisme fut arraché au dictateur, cette opposition aujourd'hui incarnée par des personnages inflexibles comme Luc Bengono Nsi, l'on peut cependant, se demander si la lutte pour l'alternance prônée par l'opposition actuelle a un sens, quand on sait que dans une société démocratique où le peuple exerce sa souveraineté en toute liberté par un scrutin juste et transparent, la question de l'alternance ne peut être un sujet de débats et de lutte.

Le peuple de l'opposition et leurs leaders, plutôt que de lutter pour l'alternance au pouvoir, ne devraient-ils pas avant tout, parachever la lutte pour la démocratie qui passe par la refondation d'une nouvelle République véritablement démocratique, dans laquelle les règles établies répondront aux deux principes fondamentaux de la démocratie qui veulent que : "Aucun citoyen ne doit être soumis à des règles imposées par d’autres" et que "chaque citoyen doit avoir le même pouvoir de peser sur les décisions qui touchent les membres de la société" ?

C'est de notre point de vue, la voie pouvant garantir une alternance démocratique reflétant l'expression du peuple souverain et la sincérité du vote, car si une vraie démocratie garantit l'alternance, l'alternance quant à elle, ne garantit pas toujours la démocratie. Et José Maria de Hérédia de dire, "Lorsqu’un peuple courbé sous de pesantes chaînes, hésite à les briser avec ses propres mains, Il peut changer facilement de tyrannie, Mais ne pourra jamais gagner sa liberté"

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