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#Gabon : VIOLATION ET MANIPULATION DE LA CONSTITUTION A DES FINS MONARCHIQUES, UNE PRATIQUE HERITEE DE LEON MBA

Pris en flagrant délit d'atteinte à la forme républicaine, le pouvoir se sent obligé de porter atteinte à l'inviolabilité parlementaire pour tenter de détourner l'attention des Gabonais éveillés, du vrai débat suscité par son projet de monarchisation de la République.

A titre de rappel. Après la proclamation de l’indépendance du Gabon, le 16 août 1960 à minuit, par Léon Mba, alors Premier Ministre, un désaccord s’installe au sein de la classe politique gabonaise, entre les partisans du Régime Présidentiel totalitaire, menés par Léon Mba, et les partisans du Régime Parlementaire, menés par Paul Indjéndjé Gondjout, président de l’Assemblée nationale et Jean-Hilaire Obame. Une partie des députés BDG, soutenus par les députés UDSG, rejettent le projet de constitution présidentielle du gouvernement. Malgré la corruption de certains députés pour 13 à 15 millions de francs CFA, avec l’aide de Paris, Léon Mba est mis en minorité et le 4 novembre 1960, une constitution de type parlementaire, est adoptée et promulguée sous le n° 68/60, le 14 novembre 1960, par Léon Mba qui fait contre mauvaise fortune, bon cœur.

Suite à un remaniement gouvernemental anticonstitutionnel, effectué sans consultation du parlement, une crise éclate au sein du BDG. Paul Indjéndjé Gondjout, Secrétaire Général du BDG et Président de l’Assemblée Nationale, dépose une motion de censure contre le Premier Ministre. Indigné, Léon Mba utilise la force, et le 16 novembre, sous le fallacieux prétexte d’un complot, alors qu’il a violé la Constitution de la République, fait arrêter arbitrairement huit (8) de ses adversaires au sein du BDG dont le Président de l’Assemblé National, Paul Indjéndjé Gondjout, malgré leur immunité parlementaire. Il dissout l’Assemblée et se fait élire comme Secrétaire Général du BDG à la place de Indjéndjé Gondjout qui a envoyé en prison.

Il organise de nouvelles élections en rendant le vote obligatoire et confectionne avec Jean Hilaire Obame, une liste dite d’union nationale, qui remporte les élections avec 99, 75% des suffrages le 12 février 1961. Ayant été candidat unique par des manœuvres peu orthodoxes, Léon Mba est élu à la présidence de la République Gabonaise le 21 du même mois de la même année.

Revigoré par une majorité écrasante au parlement, Léon Mba ressort de ses tiroirs, le projet de loi constitutionnelle, instaurant un régime présidentiel totalitaire, avec un Vice-Président du gouvernement. Il fait donc adopter par les députés, une nouvelle Constitution lui accordant l’exclusivité du pouvoir exécutif, de la détermination et de la conduite de la politique de la nation, comme voudrait l’être Ali Bongo ; réduisant le parlement à un rôle décoratif qu’il escamote à volonté, tous les pouvoirs étant entre ses mains. Cette première partie gagnée, Léon Mba rêve désormais à la monarchie et au parti unique.

Seulement, un malaise politique naît au sein de la population, d’autant que de nombreux élèves sont emprisonnés lors de manifestations de contestation et des arrestations arbitraires se multiplient de la même manière que maintenant. Le super-hyper-Président n’hésite pas à se faire justice lui-même ; allant jusqu’à chicotter, les citoyens qui oublient de se mettre au garde-à-vous pour le saluer, lors du passage de son cortège. Malgré ce malaise ambiant, le 31 mai 1963, Léon Mba retouche la Constitution en modifiant l’alinéa 1 de l’article 7 qui devient : « Le Président de la République est élu pour sept (7) ans au suffrage universel direct. Il est rééligible. » Et toc !!! La monarchisation héréditaire est actée.

Mais les rapports entre le gouvernement et l’Assemblée nationale se gâtent, bien que composée à 70% de députés BDG, celle-ci lui acquise. Face au patriotisme des députés BDG, le 21 janvier 1964, l’ancien chef de canton aspirant à la royauté, dissout à nouveau l’Assemblée et préconise l’organisation de nouvelles élections législatives. L’opposition annonce son refus d’y participer, considérant que les dés sont pipés d’avance, Léon Mba détenant tous les pouvoirs. Seulement voilà. Heureux comme un Pape, Léon Mba est surpris dans la nuit dans la nuit du 17 au 18 février 1964, lorsqu’aux environs de cinq heures du matin, 150 militaires gabonais, tous des vrais patriotes, dirigés par les lieutenants Jacques Mombo et Valère Essone, arrêtent le président Léon Mba, son président de l’Assemblée nationale Louis Bigman, et plusieurs ministres.

Ce jour-là sur Radio Gabon, les militaires patriotes annoncent au peuple gabonais le coup d’État et demandent aux coopérants militaires français de ne pas se mêler d’une affaire gabono-gabonaise. Léon Mba est obligé de prononcer un discours radiodiffusé dans lequel il reconnaît avoir poussé le peuple à bout :

« Le jour J est arrivé, les injustices ont dépassé la mesure, ce peuple est patient, mais sa patience a des limites… il est arrivé à bout.» Reconnu-t-il le 18 février 1964.

Malheureusement, la France en décida autrement et vint briser le rêve de liberté du peuple Gabonais, pour l’enfermer sous une dictature, aujourd’hui longue de cinquante-sept (57) ans. N’eut été cette amie la France, qui sema la mort parmi nos vaillants soldat; le Gabon serait libéré depuis le 18 février 1964 et les gabonais n’auraient jamais eu à subir le régime bongo/pdg.

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