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#gabon:GABON : Affaire du 20 décembre ou le procès politique de la honte

#gabon:GABON : Affaire du 20 décembre ou le procès politique de la honte

Le 20 décembre 2014 a été marqué par des événements qui auront pour particularité, le déploiement démesuré de la force publique chargée de la répression des populations aux mains nues. Cette répression d'une rare violence a occasionné de nombreux dégâts corporels ayant abouti selon certaines sources, à la mort de plusieurs compatriotes dont Bruno Mboulou Beka et à la torture physique et morale de personnes arbitrairement arrêtées. Nationaux, expatriés et mineurs sont passés à la trappe et, brutalisés, embarqués de force par les forces du désordre, puis gardés à vue au delà des délais réglementaires, avant d'être transférés à la maison d'arrêt de Libreville.

Ce 05 janvier 2015, s'est ouvert au tribunal de première instance de la capitale gabonaise, un procès jamais enregistré au Gabon. Ont été présentés à la barre, 101 personnes accusées sans aucune preuve par le parquet, de troubles à l'ordre publique, voies de fait et participation à une manifestation interdite. Accusations démontées par la défense au moyen de la loi 48/60 du 8 juin 1960 relative aux réunions publiques, en démontrant que ladite manifestation n'a jamais été interdite en droit, du fait qu'au sens de la loi sus-citée, l'interdiction d'une réunion publique doit se faire par l'autorité habilitée par la loi, en l'occurrence une autorité décentralisée (Mairie, conseil départemental), sur la base d'une décision administrative (arrêtée, Décision, Délibération) dûment motivée et notifiée au déclarant de ladite réunion, et non par simple communiqué de presse ne pouvant faire l'objet d'aucun recours. Elle ne peut non plus être décidée par le Ministre de l'intérieur, en la matière, non habilité par la loi en République gabonaise.

Cloué au pilori par l'argumentaire béton de la défense, il apparaît clairement que le parquet a pour objectif, la crucifixion du FUOA par l'arrestation même arbitraire, d'un maximum de personnes à envoyer en prison pour servir d'exemple, avec pour intention, la démobilisation du rang qui se forme derrière ce groupement de leaders politiques. Aussi, s'agrippe-t-il désormais sur l'accusation de "attroupement non armée". Une infraction que le parquet ne peut ni démontrer, ni justifier.

Partant de la première accusation (participation à une manifestation interdite), il parait important de souligner qu'au delà de ce que, ladite manifestation qui devait être une réunion publique (meeting), n'a jamais été interdite en droit comme démontrer ci-haut, celle-ci n'a non plus eu lieu. Comment donc est-ce possible, que ces 101 personnes aient pu assister à un meeting qui ce jour-là, ne s'est pas tenu ? C'est simplement ridicule et honteux !

S'agissant de l'accusation de secours (attroupement non armé), le parquet manque de preuves pour démontrer cette infraction contre des personnes qui ont été interpelées individuellement, qui à domicile, qui sur le chemin du travail, qui sortant d'un bar, qui de passage dans les environs d'un espace occupé par les forces dirait-on de l'insécurité, qui dans l'enceinte d'une église, qui au quartier kembo, qui au quartier Vevnez-voir, qui au pk5, qui au quartier dragon Etc, quand on sait qu'au sens du code pénal, les personnes attroupées doivent avoir été pris sur le même lieu, qu'ils aient résisté au terme d'une deuxième sommation. Malgré l'article 79 du code pénal sur lequel il voudrait fonder son accusation, le parquet devra également présenter au tribunal, une copie de la décision administrative de l'autorité compétente, ayant décrété une interdiction d'attroupement dans la ville de Libreville, le 20 décembre 2014.

A moins de considérer que tout attroupement non armé, même dans le cadre d'une manifestation voulue pacifique, soit de nature à troubler l'ordre et la tranquillité publique, le Tribunal, placé devant ses responsabilités devra purement et simplement prononcer la relaxe des victimes de cet abus de la force publique par le pouvoir. Car atteindre le plafond du ridicule à travers un tel procès serait plus que honteux pour la justice gabonaise et partant, pour le peuple gabonais malmené, au non duquel il prétendrait rendre la justice.

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