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#Gabon : Le Prof Bongo Ondimba II tente de corriger au blanco, le principe de la séparation des pouvoir

#Gabon : Le Prof Bongo Ondimba II tente de corriger au blanco, le principe de la séparation des pouvoir

Charles Montesquieu disait : « Tout serait perdu si le même homme ou le même corps [...] exerçait les trois pouvoirs, celui de faire des lois, celui d’exécuter les résolutions politiques et celui de juger les crimes et les différends des particuliers ». C'est bien ce qui arrive au Gabon. Pour lui, « il y a dans chaque État, trois sortes de pouvoirs : la puissance législative, la puissance exécutrice des choses qui dépendent du droit des gens, et la puissance exécutrice de celles qui dépendent du droit civil »

En effet, c'est inspiré des idées développées par John Locke dans son essai « Traité de gouvernement civil » publié en 1690, que Charles de Montesquieu, conscient de ce que toute personne qui a du pouvoir est tentée d’en abuser, conçoit dans son œuvre « L’Esprit des lois » , le principe de la séparation des pouvoirs comme étant un instrument de la sûreté des citoyens, une muraille pour défendre et protéger la liberté des citoyens. Autrement dit, une sorte de bouclier nécessaire à la protection de l’individu contre l’arbitraire. Ainsi, la séparation des pouvoirs « puissance législative », « puissance exécutrice des choses qui dépendent du droit des gens » et « puissance exécutrice de celles qui dépendent du droit civil » ; chaque pouvoir jouissant d’une autonomie organique par rapport à l’autre, participe de la volonté de tout État démocratique, d’empêcher une concentration exagérée de tous les leviers du pouvoir, dans les mains d'un même homme ou d'un même corps fussent-ils d'un même parti politique.

Or, en voulant mettre en exergue la collaboration des pouvoirs dans sa déclaration face aux parlementaires du Parti Démocratique Gabonais dont il est le président, le professeur Bongo Ondimba II, dans son cours de sciences politiques à ses élus, n'a rien fait d'autre que de confirmer son souci d'autoritarisme. Ainsi, pour justifier l'anarchie totale dans laquelle le PDG a toujours géré les trois pouvoirs (Exécutif, Législatif et Judiciaire), M. choisit délibérément de faire croire que la collaboration des pouvoirs est, et équivaudrait à la confusion des pouvoirs. Il n'y a malheureusement qu'un despote omnipotent pour le penser, car la structure des démocraties modernes repose absolument sur le principe de la séparation des pouvoirs qui demeure, n'en déplaise au petit « prince devenu roi », l’un des paramètres fondamentaux du constitutionnalisme moderne et de l’État de droit. C'est d'ailleurs en fonction du degré d’intensité de cette séparation des pouvoirs que sont catégorisés et différenciés les régimes politiques (Présidentiel, Parlementaire, semi-présidentiel ou mixte).

« On ne doit donc pas sur la tribune de l'assemblée, utiliser contre son propres gouvernement, des mots que même l'opposition n'aurait pas osé employer. On ne doit pas se servir de la tribune du parlement, pour adresser à l'encontre des membres du gouvernement de son parti, des mots qui blessent, des mots qui invectivent et des mots qui stigmatisent ». C'est en ces termes que Bongo Ondimba II a tenu à dicter la conduite que ceux qu'il a pourtant appelé « représentant du peuple » devraient observer au sein du parlement. Usant même d'intimidation à peine voilée, il s'est permis de lié le sort des parlementaires à celui du gouvernement dont l'échec serait imputable aux deux pouvoir, alors que leurs rôles diffèrent. En bon despote, il n'a pas manqué de leur rappelé qu'en tant que chef suprême de tout, le critiquer ou exiger de lui quoi que ce soit est un crime de lèse majesté. « Certains osent même m’interpeller publiquement et m'adresser des injonctions, je n’accepte pas. Personne ne peut adresser des injonction au Président de la République. encore moins d’un élu que j’ai investi dans le cadre du Parti. On ne peut pas dresser de son gouvernement, un bilan jugé volontairement négatif ».

Ainsi donc, pour le petit prince, l'article 3 de la constitution qui dispose que : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce (...) indirectement par les institutions constitutionnelles (Assemblée Nationale et Sénat) », n'y est inscrit que pour la décorer. En faisant prévaloir la « collaboration des pouvoirs » qui en réalité n'est que « l'interdépendance » de ceux-ci, l'on comprend aisément la gêne que ressent Bongo Ondimba II, lorsque les représentants du peuple décident de ne plus être ces simples chambres d'enregistrement, comme il le veut. Mais bon sang ! Qu'entent-il par institutions fortes si celle-ci sont soumises au devoir d'être partisanes plutôt de républicaines ? Le prof de science-po du dimanche a sûrement besoin de savoir que le « pouvoir législatif » est détenteur, non pas d'un mandat du parti, mais du peuple souverain, pour représenter les citoyens, le peuple, et a par conséquent, le devoir d’empêcher au « pouvoir exécutif » d'abuser du pouvoir en initiant des impopulaires comme il le fait depuis 2009. Et c'est bien pour cette raison que Montesquieu disait : « Pour qu'on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». A moins que le bonhomme soit convaincu d'avoir rempli le parlement dans le sens de la pensée d'Alexi de Tocqueville qui disait : « Une nation fatiguée de longs débats consent volontiers qu’on la dupe, pourvu qu’on la repose, et l’histoire nous apprend qu’il suffit alors pour la contenter de ramasser dans tout le pays un certain nombre d’hommes obscurs ou dépendants, et de leur faire jouer devant elle le rôle d’une assemblée politique, moyennant salaire ».

Mais qui Bongo Ondimba II croit pouvoir duper en ce moment ? Les députés qui se laisseront aller au jeu de l'exécutif au lieu de s'en démarquer finiront dans la poubelle de l'histoire.

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